lundi 30 janvier 2017

Occultis Sanguinem

 
Occultis Sanguinem
 
De branchages inextricables et mouillés
Aux confins d’une contrée de rocs désolés,
Tournoie le château périlleux d’une île morte.
Nul pont-levis pour s’aventurer à la porte
Du labyrinthe clos où dort le roi castré,
Vieux pêcheur tournant de l’Ichthus les clavicules.
Sang de pierre, éclosent en rose les globules.
 

Sensation aurorale

 
Sensation aurorale
 
Saignant avec ses dents le chevreuil qui frémit,
Le sang du seigneur né revient de son oubli.
Wolfdietrich, maître des loups, s’éveille ébloui,
En la sylve entrelacée comme un sarcophage.
Le sauvage remue, secouant le feuillage.
Non loin se meut lentement, transi, le village.
 
                                  Joël Gissy
 
 
 
 

lundi 23 janvier 2017

Au-delà de la Conscience


Au-delà de la Conscience

 
Le prophète inuit, dès qu’il passa sept ans,
Angekok, cessa de voir les monstres ramper
Sous la verrière où vague il aimait à tremper
Son regard parmi les flots bleus. Et ses parents,

 
D’un transport inouï, enfin manifestèrent
Par des danses, l’ivresse et la félicité.
Alors, l’enfant leur dit avec facilité
-Les chamanes anciens longtemps le racontèrent-
 
Les merveilles cachées des mondes engloutis.
Il était des grottes gelées sous la banquise
Et des palais de glace emplis de cliquetis
 
Qu’une lueur vivante en clapotant irise.
Et ses paupières se fermèrent à jamais :
Aveugle et tâtonnant, il alla désormais.
 
                                        Joël Gissy
 

dimanche 22 janvier 2017

Lecture à La Vallée de l'Yonne

 
Armeau, le 29 décembre 2016
 
Lecture à La Vallée de l'Yonne
 
 
 
 
L’Œuf de Serpent
 
                Talisman druidique
 
Cavalier fugitif qui du rocher bondit,
-Et quand il atterrit dans un fracas de feu,
Du pied de la colline, une source jaillit !-
Triomphant, se dressa sur sa queue Anguipède,
Comme un œil intériorisé d’un halo bleu
Tenant la sphère ailée de toute connaissance.
 
Ovin désespéré qui crie sans cesse à l’aide,
Le primate hybride hérita de la sapience.
 
 
Le Dieu à trois cornes
 
Sous les auspices favorables aux Taureaux,
Tel un démon celte ondoyant par les troupeaux,
Berger ancien coiffé d’un tricorne de chair,
Le cyclope à trois cornes veille en un éclair.
Tourbillonnant obscure ainsi qu’en une transe,
Du maléfice, alors, la nuit noire commence.
Dans les brumes parfumées de vapeurs de miel
Sur de verts pâturages dansant comme un ciel,
Le numéro d’illusionniste du réel,
Entre les décors résonne son sombre appel.
Jongleur des lieux, je détourne votre attention,
Ou plutôt, vous la détournez par votre action,
Trigaire épousant d’Ycona le lit du fleuve
Comme un reflet son icône après mainte épreuve.
 
 
Le Chemin Royal
 
Au torse épique ardemment griffant elle,
Chat d’ailleurs le chrême au thyrse s’abat
En cette Othe aux gothiques monastères.
Montant de Jacob la mystique échelle
Révèle au monde évanoui le Bah
Ployant son aile aux souterrains mystères.
 
 
Une larme
 
Dans une forêt de fleurs peuplée de murmures,
Où se condense un ruisseau gonflé de langueur
S’en va l’espoir qui danse sur les flots d’un pleur,
Condamné à l’exil des rêveries futures.
 
Abandonnée, la chastelaine de Vergy
Lance un regard timide et chaste au firmament.
Superbe et solitaire à perdre haleine, au vent
Elle inspire l’éther céleste de l’oubli.
 
Et je me souviens de notre euphorie première,
Quand ma poitrine est pleine d’un feu délétère !
Car l’Amour endormi qui s’enfle et qui se meurt
 
Dans l’origine inapaisée du souvenir
Aux sources de mes yeux ne saurait rejaillir
Qu’à l’effleurement de ton souffle sur mon cœur.
 
 
Attendrissement
 
Je suis pareil à ces hippocampes d’Ilion,
Qui par milliers, amicaux, vont voir les plongeurs
Parmi l’espace scintillant des profondeurs,
Et meurent soudain à la première émotion !
 
Avant de remonter, triste nuée de corps,
Les petits équidés, mignons et pleins de grâce,
Font un ballet aquatique, et plus d’un embrasse
Du bout de sa trompe aimable, en ces beaux décors,
 
Le curieux qui les trouble, et l’aime et l’accompagne.
Alors, vers la lumière ondoyante il regagne,
Porté par l’écume oublieuse aux plages claires,
 
La vaste éternité dont à peine affleurait
Ces myriades de consciences élémentaires
Dont s’éteint en un souffle indistinct le secret.
 
 
                                           Joël Gissy 
 
 
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vendredi 20 janvier 2017

Déséquilibre parfait

 
Déséquilibre parfait
 
Dans le labyrinthe illuminé de symboles,
L’élu du destin s’avance avec scepticisme.
Sa course de Judas contourne les oboles
Que l’existence éparpille à travers son prisme,
De l’être universel fidèle trahison.
La conscience, œil retourné, cueille l’émeraude
Comme une rose en abyme où il se contemple.
Retourne à son centre, non le Prieur, mais Claude,
Ainsi qu’en un escalier en colimaçon.
La pierre hermétique est devenue le Temple.

 
                                         Joël Gissy