dimanche 21 mai 2017

Sal(l) "Ute"


Inauguration de la salle des arts de Rammersmatt, le 20 mai 2017 (ancienne mairie).

Grand merci à Ute Marina Delatorre-Ullrich et bon anniversaire !



 
 
 
Au-delà de la Conscience
 
Le prophète inuit, dès qu’il passa sept ans,
Angekok, cessa de voir les monstres ramper
Sous la verrière où vague il aimait à tremper
Son regard parmi les flots bleus. Et ses parents,
 
D’un transport inouï, enfin manifestèrent
Par des danses, l’ivresse et la félicité.
Alors, l’enfant leur dit avec facilité
-Les chamanes anciens longtemps le racontèrent-
 
Les merveilles cachées des mondes engloutis.
Il était des grottes gelées sous la banquise
Et des palais de glace emplis de cliquetis
 
Qu’une lueur vivante en clapotant irise.
Et ses paupières se fermèrent à jamais :
Aveugle et tâtonnant, il alla désormais.
 
 
Fantaisie nocturne
 
Au moment de la nuit où la sylve a des yeux,
Or qu’à l’épuisement s’enrhument les babils
Des courlis ainsi que des sylphes silencieux,
Quand les saules pleureurs écument de leurs cils
 
La vase du marais qui s’endort et pétune
Un nuage estompé par le flambant reflet
Des feux follets mêlés aux rayons de la lune,
Mon souffle est prêt de s’éteindre et mon cœur se tait
 
Comme pour vibrer au chant des chouettes chevêches.
Alors, des constellations d’ondines revêches
Embrasent leurs auras de sinople éclatant
 
Dont la chandelle ubuesque expire en grésillant
Tel un prisme ardent à chaque fois que la brise
Tourne la feuille argent des aulnes qu’elle irise.
 
 
Autophagie lémurienne
 
Dont le nœud amoureux dont l’accord tu se pend,
Comme un cobra sans dents au panier rappelé,
Caprine mutation régressive au serpent,
Se redresse sur son ongle un hominidé
Dont à ses membres noueux grimpe la toison
D’une engeance nocturne, d’un obscur tréfond
Du ciel émergée, antérieure au Poisson.
Marina telle anglaisant son grison chat-pard,
Grand dogue chatoyant, d’anubien avatar,
Qui de son iris fendu guette comme un sphinx
Ou, rentrant au terrier, m’y trouvant un vieux lynx !
D’un faux regard, Cypris déplie le trompe-l’œil
Dont trébuche au pavé l’arche comme un écueil
Des lagons rupestres d’un Enfer de Bruegel.
Et, prisonniers des glaces, les esprits au seuil
Revivant effleurent l’éther membraneux, tel
Un dragon de cristal s’animant au dégel.
 
 
                                          Joël Gissy 

 

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